Origine et histoire de la Tour de la Commanderie
La commanderie Saint-Jean-du-Vieil-Aître est le plus ancien édifice visible de Nancy et l'un des rares monuments de style roman de la ville, daté du XIIe siècle. La tour qui subsiste est le vestige d'une église fondée par le duc Mathieu Ier et détruite au milieu du XIXe siècle. Elle appartient à la ville de Nancy depuis 1950. La commanderie s'élève à l'ouest de Nancy, près de Laxou, au 84 de l'impasse Clérin, issue de l'avenue Foch, dans le quartier Poincaré‑Foch‑Anatole France‑Croix de Bourgogne, à proximité de la place de la Commanderie, en dehors du centre‑ville. Jusqu'au XIXe siècle, elle se trouvait hors des murs de la cité ducale. Mathieu Ier de Lorraine favorisa l'installation des Hospitaliers de l'ordre de Saint‑Jean de Jérusalem et leur concéda en 1147 des terres, un moulin et un four situés au‑dessous des remparts. Il leur accorda également le droit dit de punazs, qui permettait aux frères hospitaliers de prélever le 1/32e des ventes de grains réalisées lors des marchés de Nancy les mercredis et samedis. Ce droit fut confirmé et renouvelé par ses successeurs — le duc Simon, Mathieu II puis Henri II en 1603 — et subsista jusqu'en 1732, année où, sous la régence d'Élisabeth‑Charlotte d'Orléans, il fut remplacé par un prélèvement fiscal. La commanderie fut édifiée en 1140, en rase campagne près de l'étang Saint‑Jean, entre Laxou et Nancy, et comprenait plusieurs bâtiments, dont une chapelle. Elle servit de quartier général au duc de Bourgogne Charles le Téméraire lors du siège de Nancy d'octobre 1476 à janvier 1477, avant sa défaite face à René II de Lorraine. Le nom « Vieil Aître » rappelle la présence d'un ancien cimetière mérovingien. Durant la guerre de Trente Ans, la commanderie subit des attaques suédoises et, en 1633, une partie de ses bâtiments fut détruite lors du siège de Nancy par les troupes françaises. Aux XVIIIe siècle se tenait au pied de la commanderie la foire Saint‑Jean, dite foire aux Cerises, qui attirait une foule de visiteurs venus dans des cabarets improvisés ou pour écouter des chanteurs de complaintes, scène représentée par Yves‑Dominique Collin dans une composition montrant la tour, un colombier et des marchands sous une allée de tilleuls. En 1795, la tour et les bâtiments de la commanderie furent vendus comme biens nationaux. Au cours des extensions urbaines du XIXe siècle, l'ensemble des bâtiments fut englobé dans de nouveaux édifices puis détruit, à l'exception de l'ancien clocher qui subsista. La tour a été inscrite au titre des monuments historiques par arrêté du 19 janvier 1927. « Vieil Aître » signifie littéralement « vieux cimetière ».